Décès de trois femmes militantes féministes et lesbiennes, importantes au sein de Lestime

Nous avons l’immense regret d’annoncer le décès de trois militantes féministes et lesbiennes, particulièrement actives en politique, qui ont ardemment défendus nos causes et ont façonné l’histoire de Lestime: Giselda Fernandes et Gisèle Thiévent sont parties toutes deux le 23 novembre 2014, Éliane Blanc, ancienne coordinatrice de Lestime, est décédée peu après le 1er janvier 2015.

Eliane Blanc, Gisèle Thiévent et Giselda Fernandes

Toute l’équipe de Lestime est particulièrement attristée. Nous pensons très fort à elles, à leurs familles et leurs ami-e-s. Nous nous souviendrons de l’engagement de ces femmes et elles seront présentes dans nos cœurs pour toujours. Nous honorerons leurs mémoires en poursuivant les idéaux qu’elles ont si bien défendus afin d’œuvrer pour un monde meilleur.

Éliane Blanc, militante de toujours, aussi bien en tant que féministe que lesbienne, a été coordinatrice de Lestime de 2002 à 2009. Elle à fait partie de l’Organisation Suisse des Lesbienne (OSL, devenue par la suite la LOS), et a crée, avec sa compagne Giselda, l’antenne romande de celle-ci de 1998 à 2001. En 2000, elle a travaillé à la représentation des lesbiennes dans la Coalition nationale de la marche mondiale des femmes (MMF2000) et celui de « Genève Marche ».

La cérémonie pour Éliane Blanc aura lieu chez Murith (bd. de la Cluse), le vendredi 9 janvier à 14h30.

Extrait du site SolidaritéS.ch, dont toutes les trois étaient très actives:
Nous livrons ici les témoignages de Maryelle Budry et Anita Cuénod sur les parcours de Giselda Fernandes et Gisèle Thivent.

Pour la première (Giselda Fernandes), née il y a quelque 70 ans, la lutte a duré plus de 20 ans, une victoire somme toute ! Giselda était venue du Brésil, de Porto Alegre exactement, dans les années 70 à Genève. Altermondialiste avant l’heure, elle a milité pour une justice sociale entre le Nord et le Sud, et surtout dans les rangs féministes de Lestime et auparavant du Centre femmes Nathalie Barney.

Gisèle Thiévent était connue à Genève pour ses multiples engagements, elle n’en était pas moins discrète, mais avec une efficacité certaine et en tous points. A 50 ans et des poussières, elle a laissé son empreinte dans divers domaines d’engagement : l’habitat communautaire avec RHINO, les droits LGBTIQ avec Lestime, l’association lesbienne, et comme élue du Conseil municipal en Ville de Genève de 2003 à 2007. Activités et militantisme souvent menés de front, avec détermination et passion.

Précurseure aussi peut-être, il faut dire qu’en 2003 elle a été élue après une campagne originale dans ces temps-là : en couple avec sa compagne Catherine Gaillard ! Le plus inédit c’est qu’elles ont été élues les deux ! Un signe fort, un début non seulement en Suisse, mais certainement dans le monde… car, elle en était convaincue, un autre monde est possible.

Prof de philo au Collège ESC André Chavanne depuis une dizaine d’années, elle a adoré transmettre sa folle curiosité, ses horizons sans limites, son goût de la justice sociale et surtout son idéal féministe, à ses élèves et à nous, ses amies pour toujours.

Anita Cuénod

En tant que camarades de militantisme, on se confie peu. C’est à la cérémonie d’adieu de Gisèle, organisée par ses parents à l’église catholique de Carouge le 13 décembre, que j’ai appris qu’elle était née dans le canton du Jura dans une famille de 5 enfants, dont le père était fonctionnaire communal, très attaché au service public, qu’elle avait été une enfant gaie, enjouée et précoce, cultivant le sens de la formule dès l’école primaire! Et qu’elle a joué un grand rôle, comme modèle de liberté et de rigueur, auprès de ses nombreux neveux et nièces.

Catherine Gaillard, sa compagne durant plus de 10 ans, a eu le courage de prendre la parole et de lui rendre un bel hommage devant la grande assemblée hétérogène et improbable : famille chrétienne, artistes, contestataires, lesbiennes militantes, curé, collègues en­seignant·e·s et an­cien·ne·s élèves, politiques, camarades de solidaritéS… Le prénom de Gisèle signifie à la fois « flèche » et « esclave », et c’est avec la détermination d’une flèche qu’elle se dégageait de toute condition d’esclavage, qu’elle luttait pour garder sa liberté, fuyant les assignations, les conformismes, les étiquettes, les attaches trop pesantes.

Catherine l’a définie par trois mots forts : radicale, anarchiste, créative et a conclu avec ce slogan pour lequel Gisèle a milité toute sa vie : « Un autre monde est possible » !

L’église de Sainte-Croix a alors retenti du chant, hymne à la résistance, nouveau en ce lieu : Bella ciao !

Adieu à la belle navigatrice qui a largué les amarres…

Maryelle Budry