Cérémonie de la remise du Prix Martin Ennals
Le Prix Martin Ennals pour les défenseur-e-s des droits humains est décerné chaque année conjointement par la Fondation Martin Ennals et la Ville de Genève en octobre.
Cette année, 3 finalistes ont sélectionné.e.s:
Karla Avelar (El Salvador) est une femme transgenre qui milite pour défendre les droits de la communauté LGBTI. Elle a connu la discrimination, l’exploitation et le viol
FreeThe5KH (Cambodge) sont cinq dirigeant-e-s de l’Association cambodgienne pour les droits humains et le développement (ADHOC) en détention provisoire depuis plus d’un an
Mohamed Zaree (Egypte), de l’Institut du Caire pour les études sur les droits humains, coordonne la recherche visant à contester les lois conçues pour limiter l’activité des ONGs de défense des droits humains
Karla Avelar, activiste trans*
Nous vous invitons à réserver d’ores et déjà dans vos agendas la date du 10 octobre à 18h pour assister à la remise du prix et soutenir leur infatigable lutte pour le respect des droits humains. Découvrez les parcours de ces formidables militant.e.s et inscrivez-vous pour la remise du prix sur le site du Martin Ennals Award. N’hésitez également pas à partager l’information autour de vous et visibiliser les finalistes : une manière de les soutenir et de les encourager dans leur lutte acharnée pour les droits humains, souvent au péril de leur vie, et de les rendre visibles internationalement et ainsi, potentiellement, un petit peu moins à risque de disparaître sans laisser de trace.
Biographie de Karla Avelar (source: Martin Ennals)
Karla Avelar a consacré sa vie à défendre, tant dans son pays que sur la scène internationale, les droits humains des personnes lesbiennes, gays, transgenres ou intersexe (LGBTI), des personnes affectées par le VIH, des migrants et des personnes privées de liberté en situation de vulnérabilité ainsi que ceux des victimes de discrimination en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
Karla est une femme transgenre de 39 ans qui est née le 7 janvier 1978 au Salvador dans une famille modeste et profondément catholique. Le manque d’éducation et le milieu conservateur et extrêmement opprimant ont sans doute été à l’origine des mauvais traitements et du viol qu’elle a subis alors qu’elle n’était âgée que de neuf ans. C’est à cet âge qu’elle s’est enfuie pour rejoindre la capitale où elle a vécu dans la rue et où elle a connu, en continu, la violence, le crime et la drogue. A l’âge d’onze ans, Karla a été contrainte de se livrer à la prostitution avant de bientôt devenir victime de violence, d’extorsion, de menaces et de viol entre les mains des gangs, de la police et des clients.
En 1992, un tueur en série, militaire de surcroît, lui a tiré neuf fois dessus, ce qui lui a valu de rester deux mois dans le coma, avec des blessures très graves. C’est lorsqu’elle était en convalescence qu’on l’a informée qu’elle était séropositive.
Ce sont ces expériences de violence, en continu, et de survie, au jour le jour, qui ont fait de Karla la militante qu’elle est aujourd’hui. En 1992, elle est devenue l’une des premières femmes trans au Salvador à rendre sa séropositivité publique. Cela l’a conduite à lutter pour une prise en charge médicale adéquate pour les personnes LGBTI vivant avec le VIH mais aussi pour celles privées de liberté.
En 1996, Karla était l’une des fondatrices de l’ASPIDH, première association de personnes transgenres au Salvador. En 2008, elle a créé COMCAVIS Trans, première organisation de femmes trans vivant avec le VIH.
En 1997, elle a été de nouveau grièvement blessée par des membres du gang MS-13 qui ont essayé de lui extorquer de l’argent. Ils lui ont tiré cinq fois dessus. Un an plus tard, Karla a été poursuivie en justice et emprisonnée pour son implication dans l’attaque de trois hommes qui avaient pour intention de la tuer elle et un ami. Dans cette affaire, Karla a agi en légitime défense en blessant l’un de ses assaillants, acte pour lequel elle a été condamnée à plusieurs années de prison. En détention, Karla a partagé sa cellule avec plusieurs membres du même gang qui avait essayé de l’assassiner quelques années auparavant. Sa détention a été synonyme de viols et de tortures répétés sans aucun accès à la justice et sans droit à un traitement médical.
En 2013, Karla est devenue la première femme trans à apparaître devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et à dénoncer l’Etat salvadorien pour des crimes de discrimination et de haine à l’encontre des personnes LGBTI. Deux années plus tard, elle a participé à l’Examen périodique universel (EPU) au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève. En collaboration avec d’autres ONG, son organisation a soumis un rapport alternatif, lequel a donné lieu à la première recommandation de l’ONU sur les questions LGBTI jamais adressée à l’Etat salvadorien.
Les menaces continues et les attaques répétées dont elle fait l’objet n’ont fait que renforcer sa détermination à révéler et combattre les injustices. Lorsque sa camarade Tania Vasquez a été assassinée le 4 mai 2013, Karla a déposé une plainte officielle auprès des autorités. En guise de réponse, le bureau du Procureur général a menacé d’arrêter Karla et a demandé une ordonnance du tribunal pour confisquer les équipements techniques de COMCAVIS Trans.
En l’espace des deux dernières années, Karla a été obligée de changer cinq fois de domicile pour des raisons de sécurité. Elle reçoit régulièrement des menaces de mort. Sa détermination à dénoncer plusieurs agences gouvernementales pour leur inertie mais aussi les attaques et assassinats de personnes LGBTI par les gangs des rues l’ont exposée à des persécutions politiques, lesquelles représentent un risque évident pour sa vie.
Karla a consacré sa vie à promouvoir des réformes législatives visant à protéger les droits des personnes LGBTI. Elle continue à appeler à une protection des autorités et à une action efficace lorsque la loi est enfreinte.
Aujourd’hui, en dépit des menaces permanentes qu’elle reçoit de gangs et autres groupes armés, Karla continue son combat. Son rêve? Marcher dans les rues du Salvador sans être blâmée, discriminée et traitée comme une criminelle. Simplement vivre en sécurité et profiter de la vie avec sa famille.
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